« Affaire Kenzo » : que s’est-il réellement passé dans la loge de l’AC Ajaccio ?

France

L’affaire démarre le samedi 3 juin, peu avant le coup d’envoi du match AC Ajaccio – Olympique de Marseille, au stade François-Coty. Sur les réseaux sociaux, une proche de la famille du petit Kenzo, invité à assister à la rencontre
, assure que le garçon de 8 ans, atteint d’un cancer, a été « jeté par terre » et « frappé au visage » avant que son maillot de l’OM ne lui soit « arraché et brûlé devant lui ».

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Le post est partagé des centaines de fois, avant d’être finalement supprimé. Entre temps, les témoignages de la famille se multiplient dans les médias et l’affaire prend une dimension nationale, puis internationale. Jusqu’à la prise de parole, ce lundi 5 juin, du président de la République. Emmanuel Macron réclame alors des sanctions « claires et fortes ».

« 6 secondes à l’intérieur de la loge »

Une enquête de flagrance pour violences aggravées a été ouverte par le parquet d’Ajaccio et au moins trois plaintes ont été déposées : celle de la Ligue professionnelle de football, celle de l’AC Ajaccio, et celle du père de Kenzo. Dans le dossier, figurent désormais les images de vidéosurveillance, que France Bleu RCFM a pu consulter ; mais également rencontrer des proches des quatre jeunes qui y apparaissent.

Âgés d’une vingtaine d’années, les quatre jeunes hommes montent les escaliers et entrent dans la loge de la famille, où ils restent 6 secondes. Jusqu’à leur descente par les mêmes escaliers du stade François Coty, la totalité de la vidéo dure 33 secondes. Ce qu’il se passe à l’intérieur n’est pas visible. Les témoins rencontrés affirment « qu’aucun coup n’est porté au père de Kenzo » et que le petit garçon et son frère sont « aperçus tardivement à plusieurs mètres de la scène ».

Si il nous est bien confirmé que le ton monte et qu’il est « ordonné au père de retirer son maillot » de l’OM, les différents témoins démentent les récits qu’ils ont lu et entendu dans la presse. Ils insistent notamment sur le fait que la vidéosurveillance « prouve que la mère n’était pas là au moment des faits ». Les images montrent effectivement qu’elle croise les quatre jeunes une fois sortis de la loge.

« Loin de ce qui a été présenté au départ »

Si l’entrée dans la loge et l’altercation avec le père de famille sont qualifiées de « connerie », tous estiment qu’on « est bien loin de ce qui a été présenté au départ ». Un constat qui est également partagé par des sources proches de l’enquête, qui regrettent une forme de pression sur ce dossier depuis la prise de position d’Emmanuel Macron.

L’ensemble des témoins rencontrés, qui ont tous souhaité rester anonymes, s’interrogent désormais : « les sanctions seront-elles à la hauteur de ce qu’il s’est réellement passé, ou seront-elles le reflet de l’émotion, montée jusqu’au Président ? »

Fiasco sécuritaire ?

Sur l’ensemble des événements qui ont eu lieu à Ajaccio en marge de la réception de l’Olympique de Marseille pour la 38ème et dernière journée de Ligue 1, on dénombre 17 blessés et au moins 8 dépôts de plaintes. Les premières violences ont eu lieu la veille du match
, dans les rues Fesch et Roi de Rome, où cinq personnes ont été blessées dont une restauratrice au visage. Une seconde scène d’affrontements a ensuite eu lieu à l’entrée du stade François Coty
, faisant 8 blessés.

À l’issue de la rencontre, un journaliste de France 3 Corse Via Stella et trois automobilistes ont été blessés après l’arrivée d’une horde de supporters dans une station service proche du stade. Une semaine avant le match, le maire d’Ajaccio réclamait une interdiction de déplacement
des supporters marseillais, prévenu par les services de renseignement de risques de troubles à l’ordre public alors que la tension montait entre supporters des deux clubs sur les réseaux sociaux. Stéphane Sbraggia a, depuis, adressé une lettre au ministre de l’Intérieur pour obtenir des réponses.

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